Toujours dans le Pouilles, nous partons à la découverte de l’école Vuovolo. Vous allez de nouveau être en présence de thèmes et de personnages qui vous sont maintenant familiers. Sentez-vous l’ombre de ces 3 mystérieux personnages planer au fil des pages de ce blog ?
Article traduit à partir du site www.italianmartialarts.org
Des traditions évolutives
A Manfredonia, liée aux Chevaliers de l’Humilité se trouve l’école de Maître Giuseppe Vuovolo, enracinée dans des codes d’honneur, d’anciennes voies et éthiques guerrières, le sacrifice pour les faibles, le combat pour la Vérité. Son couteau, bâton, aptitudes au combat à mains nues et ses méthodes d’escrime évoluèrent et se différencièrent de l’école d’origine car aussi basées sur ses expériences personnelles avec divers maîtres italiens et experts qu’il rencontra ou affronta durant sa jeunesse, voyageant dans le Sud de l’Italie à travers les Pouilles, la Calabre, la Sicile, la Campanie, la Basilicate et le Molise. Son école traditionnelle d’escrime au bâton en particulier lui fut transmise très jeune par Maître Borgia (né en 1930 et toujours en vie). Il apprit également les arts de combat au couteau et bâton des gitans apuliens. Maître Vuovolo est également un expert dans d’autres arts martiaux qu’il pratique et enseigne depuis les années 70.
Le contexte historique
Dans le Sud de l’Italie, également appelé “Meridione”, l’Age Sombre ne s’est pas éteint avec la disparition de la féodalité et non plus avec la constitution de la République moderne italienne au 19ème siècle. L’Age Sombre perdura en quelque sorte jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La sécurité sociale et la défense des droits civils étaient essentiellement garanties aux classes dominantes telles que l’Aristocratie, le Clergé et la Bourgeoisie. Cependant, la majorité du peuple, en mauvaise santé et souvent organisée en sorte de sociétés secrètes trouva la force de se protéger et défendre ses droits au travers d’arts défensifs.
Le couteau, en tant qu’arme d’honneur (semblable à l’épée des Aristocrates) était une arme de choix la plus pratiquée avec le bâton.
Parmi plusieurs sociétés actives par le passé, et certaines le sont encore aujourd’hui, une était particulièrement propagée dans les quartiers urbains (contrade) du “Meridione” : La Société des “Uomini di Vita” (Hommes de Vie). Une société qui puise ses racines dans un passé lointain et ses traditions dans l’Histoire ancienne, parfois transformée en mythe.
A Manfredonia, comme dans pas mal d’autres traditions méridionales, les anciens parlent de preux et honorables chevaliers et Croisés (tels que “Di Conte, Rosso et Fiorellino di Spagna), qui débarquèrent en Calabre, une région italienne proche des Pouilles. Le mythe parle de leur premier élève, Peppino di Montalbano. Ensemble ils erraient dans le “Meridione” (aussi appelé Mezzogiorno). A San Severo, Salvatore Balsamo les rejoignit. “Cinq et pas moins de cinq” dit la tradition. Sept, en incluant deux “guaranti di Società” (garants de Société). C’était le noyau dur de chaque branche de la Société. Le 5 et le 7 sont des chiffres récurrents avec une symbolique spécifique et sacrée avec des significations et utilisations techniques dans cette tradition.
Représentation imaginaire des trois chevaliers mythologiques de la tradition du Code de la “Onorata Società”- connus en tant que “Osso, Mastrosso et Carcagnosso” également appelés “Di Conte, Rosso et Fiorellino di Spagna”.
Cette société établie devint une source d’éthique, de codes et de valeurs guerrières. Ils avaient pour obligation d’assister discrètement et en secret, la Justice pour tous ceux qui en avaient besoin. Ils soutinrent et formèrent les jeunes en leur inculquant une éthique basée sur l’honneur et l’humilité. Ils entraînèrent les combattants à avoir une forte personnalité, un caractère solide et une grande sagesse. Ils leur apprirent l’art de l’escrime ancienne, en particulier le couteau et le bâton afin de défendre les faible et maintenir la paix et l’ordre tout en suivant les anciens codes chevaleresques. Ils avaient le rôle de guerriers dévoués à défendre autrui, pacifier les conflits et apporter la sagesse.
C’est seulement au travers de la cooptation qu’il était possible d’atteindre la “source de l’humilité”, basée sur des traditions ésotériques, le néophyte devait être admis par les membres de la société. Les candidats et tous les membres qui composaient sa famille sur 7 générations devaient avoir un passé net et honorable.
Une fois accepté, l’aspirant devait jurer fidélité (giuramento di fiducia) aux nouveaux “membres de la famille” et au chef de société (en dialecte : chepntest” ou chepndrii”dérivé du latin “caput” et du grec “andros” qui signifie “meneur d’hommes”).
On instruisait ensuite l’apprenti aux “regole di vita” (règles de vie), pour apprendre comment mener une nouvelle vie basée sur l’honneur, la tolérance, entrainée à gérer la peur et avoir du courage avec un esprit clair et lucide en toute situation. Il était rigoureusement préparé à des entrainements physiques difficiles. Il était éduqué à la maîtrise du combat, de la défense à mains nues, avec un bâton et avec le “coltello chiuso” (littéralement : “couteau fermé” ou “fusto”, une sorte de canne fine).
A la fin de cette phase d’entraînement, qui pouvait durer de longues années, le candidat devenait un “associato” (associé) et il pouvait avec son Maître servir la communauté, le village ou la ville dans laquelle il vivait ou dans lequel il était assigné. Il prenait part à la “ronde notturne” (patrouille de surveillance nocturne), gardant un œil sur les biens publics et protégeant les personnes contre les “indegni” (situations où quelqu’un dépasse les bornes) de tout genre, pour faire le médiateur, pour réconcilier les gens ou gérer les conflits familiaux, pour la défense et la protection des faibles et des opprimés.
Le dernier champion connu de cette “fonte” (source) fut Matteo “Ntrlingh”, il y un environ un siècle. Après avoir appris cet Art d’un ancien de la région, il alla à Buenos Aires pour combattre et défier quiconque se présenta aux tournois et il gagna le titre de “Champion d’Argentine”, avant de rentrer chez lui, à Manfredonia où il forma et entraina un nombre choisi de candidats. Leur légende est encore vivante aujourd’hui.
Estoque d’arrêt en corps à corps
Coup de pied en “Mezza Staffa”
Styles et Méthodes
L’école de couteau représentée au début de la pratique, depuis les temps anciens. Souvent on utilisait des couteau en bois à l’entrainement pour des raisons évidentes.
Suivant un entrainement athlétique spécifique, l’apprenti apprend les cinq formes qui sont :
1) libera (libre)
2) mezza chiusa (semi fermée)
3) chiusa (fermée)
4) a tagliare (couper)
5) lo specchio (le mirroir)
6) la galeotta (le détenu) également appelé “giro stretto” (la boucle serrée)
Chaque forme inclut une variété de techniques, combinées ensemble selon la situation et les besoins du combat.
L’arme favorite était le “coltello a viso lungo” (couteau au long visage) avec une lame semblable au cimeterre. Une autre arme commune était le “rasoio” (rasoir), qui était traditionnellement utilisé pour entailler le visage de celui qui avait commis un déshonneur, comme les infâmes et les vilains, une femme adultère ou un membre d’une “société d’honneur” qui avait trahit ses vœux fait à la “Source”.
Des duels “all’ultimo sangue” (au dernier sang) avaient lieu principalement pour défendre l’honneur de la famille, de sa vie ou de celle des être aimés.
L’autre arme dans l’arsenal d’un “uomo di vita” est le bâton. Il inclut 16 mouvements de base. Une fois maîtrisés, le pratiquant continue avec la “catena” (chaine), travaillant avec d’autres partenaires avec une série d’attaques en séquence vers les cibles hautes et basses du corps. Une fois que la “catena” est maîtrisée, le véritable entraînement peut commencer.
A la fois avec le bâton et le couteau, il y a deux façons de combattre :
1) “a tempo di scuola”-où il y a des règles à respecter.
2) “a chi più ne sa”-où chacun fait ce qu’il veut.
Généralement, une salutation “di sfida” (de défi) ouvre le combat.
Une autre arme utilisée est la “manichetta”, une sorte de faucille qui inclut l’utilisation d’une écharpe rouge enroulée au poignet de la main qui ne tient pas l’arme. On s’en sert comme un fouet en visant surtout les yeux. La “manichetta” utilise des mouvements athlétiques extrêmes et requiert un dur entraînement physique. Il faut effectuer des positions de squat et des mouvements explosifs de sauts et de bonds vers l’adversaire, avec l’ajout de coups surprenants.
Maître Borgia face au maître Vuovolo alors jeune dans une “tirata”.
Sfiancata a quartiatura
Position de départ dans le style de la “galeotta”
Position de départ dans le style de la “manichetta”
L’un des symboles de l’école Vuovolo. La devise dit : “Honneur et Humilité”.
Les Chevaliers d’Honneur et d’Humilité
L’École des “Cavalieri d’Onore e Umiltà” du grand Maître Giuseppe Vuovolo maintient et préserve les anciennes traditions auxquelles elle appartient. Conservant la pureté qui lui a été transmise par tous ses maîtres, il s’est engagé à former les nouvelles générations de Chevaliers de l’Humilité, les préparant à l’éthique et au Code, à respecter la loi, l’ordre, la justice, et à s’adonner à la pratique des arts martiaux. Dans des endroits privés et publics, ils se montrent parfois lors de tournois ou d’exhibitions, lors de célébrations spéciales ou dans des festivals locaux dans la région de Manfredonia.
Les Maîtres
Voici les principaux Maîtres qui ont transmis les différents styles et méthodes à Giuseppe Vuovolo, dont son père.
Grand Maître Grand Maître
Matteo Bernadetti Michele Vuovolo
18/02/1889 10/02/1905
18/11/1978 14/06/1993
Grand Maître Grand Maître
Francesco Bisceglia Costanzo Oggnisanti
31/08/1923 01/01/1925
13/03/1991 20/07/1995
Grand Maître Vincenzo Borgia
24/04/1930
Texte écrit par Dr. Marco Quarta. Traduit par Laurent Corrieri avec le consentement de Marco Quarta.
Nova Scrimia International